Le "paradis
fiscal" des députés et sénateurs
La déclaration de patrimoine des députés
et sénateurs, c'est pour bientôt. Mais osera-t-on s'attaquer aux petits et
grands privilèges de la représentation nationale ?
Il existe dans Paris deux petits
paradis fiscaux, deux îlots bénis où règne un régime d'imposition exorbitant du
droit commun, répandant sur les populations indigènes une foule d'avantages
dont la coutume et le bon vouloir des intéressés ont fixé les modalités.
En
vertu de la séparation des pouvoirs, ces enclaves jouissent en effet, à
l'instar de Monaco ou d'Andorre, d'une quasi-souveraineté fiscale. Elles se
nomment palais Bourbon et palais du Luxembourg. Et leurs habitants : les
députés et les sénateurs.
L'indemnité dite de fonction n'est
pas imposable
Tout cela n'est d'ailleurs pas
secret : chacun peut aller consulter les sites internet de l'Assemblée et du
Sénat. La rémunération et les charges des élus y sont détaillées au centime
près.
Détaillons donc :
Un député perçoit une "indemnité de base"
fixée "par référence aux traitements des fonctionnaires occupant les
emplois les plus élevés de l'Etat", soit à ce jour 5.514,68 euros.
A quoi
s'ajoutent une "indemnité de résidence" de 165,44 euros et une
"indemnité de fonction" de 1.420,03 euros. Total brut mensuel :
7.100,15 euros.
Dont il convient de déduire diverses cotisations (retraite,
CSG, CRDS, etc.) s'élevant à 1.951,38 euros. Reste un net mensuel de 5.148,77
euros (au Sénat : 5.388,72 euros).
Un traitement normal.
A une bizarrerie près
: l'indemnité dite de fonction n'est pas imposable.
Pourquoi ? Parce que. De
sorte que le revenu soumis à l'IRPP, charges déduites, n'est que d'environ
4.100 euros. Et l'impôt, très léger.
Plus problématique :
En plus des
trois indemnités déjà citées, les députés perçoivent une "indemnité
représentative de frais de mandat" (IRFM) qui, récemment réduite de 10%,
s'élève aujourd'hui à 5.770 euros brut, dont il faut déduire la CSG et la CRDS
(6.037,23 net au Sénat, plus généreux sur ce chapitre).
Cette IRFM, destinée à
couvrir les dépenses "non prises en charge ou remboursées par
l'Assemblée", présente quelques particularités pittoresques : d'abord,
elle non plus n'est pas imposable ; ensuite le député en dispose librement, sans
avoir à fournir aucun justificatif.
Carte de gratuité SNCF en 1re
classe, taxis, carte RATP...
Sans doute, les députés ont des
frais "professionnels" importants, mais sachant qu'une grande partie
de ces frais sont déjà payés par l'Assemblée qui, bonne fille, prend à sa
charge les déplacements (carte de gratuité SNCF en 1re classe, taxis, carte
RATP, 92 vols intérieurs par an), les frais de matériel informatique, de
courrier, de téléphone (5 lignes fixes ou mobiles + un abonnement internet),
ainsi qu'un forfait mensuel de 9.504 euros servant à rémunérer les
collaborateurs (qui peuvent à l'occasion être la femme ou le fils du député),
les 5.000 et quelques euros mensuels de l'IRFM apparaissent pour le moins...
généreux.
Pour beaucoup de députés, cela constitue un confortable complément de
revenu, qui servira par exemple - le procédé est courant - à se constituer à
bon compte un patrimoine immobilier : payée à crédit grâce à l'IRFM, la
permanence électorale appartiendra en propre à l'heureux élu.
Au total, indemnité de fonction
(1.420,03) + IRFM (5.770), ce sont environ 7.200 euros non imposables que les
députés touchent chaque mois, en plus des quelque 4.100 euros qui constituent
leur base d'imposition.
On ne voit pas quelle entreprise pourrait payer ainsi
ses salariés sans s'exposer à un redressement fiscal.
Raisonnons autrement :
soit un député marié avec deux enfants (trois parts, donc), qui garde pour lui
son IRFM.
Tous impôts et charges sociales payés, il dispose d'un revenu
disponible mensuel d'environ 10.000 euros. Ou 120.000 euros par an.
Pour
arriver à ce chiffre, un quidam devrait avoir un revenu brut annuel, avant
impôt et cotisations salariales, de plus de 200.000 euros. Un salaire de cadre
très, très supérieur.
Ces chiffres n'ont rien de scandaleux.
Il est juste et sain que les élus de la nation soient bien rémunérés. Ce qui
est plus étrange, c'est que ceux qui votent l'impôt en paient si peu. De sorte
que lorsqu'ils décident d'accroître les prélèvements sur les hauts revenus,
cela ne les concerne pas.
La fameuse cagnotte des sénateurs
Ajoutons un régime de retraite très
généreux (moins qu'avant, depuis la réforme de 2010, mais quand même).
Passons
sur les menus avantages (restaurant, buvette, coiffeur à prix d'amis).
Évoquons la fameuse cagnotte des sénateurs (1,5 milliard d'euros), où ils entassent les
excédents budgétaires accumulés au fil du temps.
Arrêtons-nous un instant
puisqu'il est question de la supprimer - sur la très baroque "réserve
parlementaire", qui octroie à chaque député une enveloppe de 130.000 euros
par an : moderne avatar de l'ancienne cassette royale, elle permet aux élus de
distribuer aides et subventions dans leur circonscription. Souvent en toute
opacité et selon leur bon plaisir.
Leurs bonnes œuvres, en somme.
Tout cela dessine un paysage fiscal
assez insolite, qui relève souvent davantage du droit coutumier que de la loi
commune - cette loi que les députés et sénateurs sont chargés de voter.
(Article publié dans "le Nouvel
Observateur" du 18 avril)
Le contribuable, a toujours été le "sujet" de ces seigneurs. Aujourd'hui, je crains que de sujet, on ne passe au stade de "complément d'objet indirecte"
RépondreSupprimer@
Allez "Vanish" et toutes ces tâches vont disparaître.!!!!!!!
RépondreSupprimerLa petite fraise des bois.
J'aurais mieux fait de me lancer dans la politique plutôt que de faire des études et exercer une profession d'enseignant... Aujourd'hui, je siègerais au Sénat ou à l'Assemblée Nationale. Je serais peut-être même devenu ministre et là, j'aurais eu des comptes en Suisse, mes gentils enfants braqueraient les vieilles dames pour leur extorquer leur carte bleue, mon fils achèterait un appartement à 7 millions d'euros, et ce, sans avoir jamais travaillé ni cotisé...
RépondreSupprimerElle est pas belle la vie (pour certains) ?
Belle la vie oui pour tous ces pourris qui s'engraisse
RépondreSupprimervous n'avez rien compris!!!!!!!! c'est un gouvernement normal puisque le président......normal.............
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